Naissance de ma 3ème P. AAD (Maison)

 

P. née le ../../.... à domicile....

Les phrases en italiques sont des rajouts de 2008 suite à la naissance de K où un gros bilan de vie m'a donné envie de tout revivre avec honnêteté parlant aussi de ce qui n'a pas convenu.


L'avant naissance :
 
Avril …. je suis de nouveau enceinte, je suis ravie. Là, pas de question : je fais ma déclaration chez ma toubib (qui est pour l'aad) et vouii. Note : depuis le 9 août 2004 les sf peuvent déclarer les grossesses. Je contacte ...... (SF) vers 4 mois pour la grossesse et l'accouchement à venir et j'ai mon centre d'écho (le même que celui de C. à partir du 5eme mois et que celui de L). Bref j'ai mon centre et mes habitudes !  
 
Grâce à ma curiosité et à la sf, je connais bien mon corps, elle m’a bien expliqué et je trouve cela formidable. C'est un "suivi" de papotage, c'est agréable, et si..., une pds pour le manque de fer ainsi que le col une fois, car je lui demande si il est bien souple/court/ouvert, afin de savoir si la transmission est bonne, et savoir si je sais vraiment "diagnostiquer" seule, c'était bien ça hihihi.
Tu naîtras à domicile également. Je suis accompagnée de ton père, et de .......... donc, bien que déjà je n’en ressentais pas forcément le besoin. Mais bon ton père lui est catégorique, il faut une SF, il n'a pas assez confiance en moi. Pour L. j'avais besoin de la SF. Pour toi j'invite juste la femme pour son soutien empathique, mais je n'ai nul besoin d'être pseudo rassurée par rapport aux problèmes éventuels. Je n'ai pas besoin du côté  médical de sa présence, ni même d'allégée le côté responsabilité qu'on prend de plein fouet avec un ANA ou ANAM. Notre communication me fait dire que tout ira bien. Avec toi, je réalise, un peu après coup, à quel point on peut communiquer avec son bébé. Enfin voilà, la présence d'une femme rassurante pendant la douleur me suffira.



Ta naissance :
 
Après de nombreux faux travail, c'est-à-dire contractions toutes les deux minutes, pendant 1 h voir 2 puis plus rien, arrive le ../../.... au soir.  Commencent alors des séries de contractions irrégulières qui vont me maintenir en éveil toute la nuit. Elles varient : Une fois tous les ¼ d’heure, une fois toutes les 30 minutes, puis toutes les 5, puis toutes les 20 etc….
Elles ne sont pas très douloureuses mais bien présentes tout de même et suffisamment intenses pour m’empêcher de dormir !  
 
Le vendredi ../../.... au matin,  je téléphone à la sf. Elle me dit de ne l’appeler (pour qu’elle arrive) que quand cela se sera régularisé, à moins bien sûr, que j’en éprouve le besoin avant, car cela ne se mettrait pas en place, sans régularisation !  

(Bon je ressens qu'elle ne veut pas être là trop tôt, ce que je comprend avec sa vie de famille et je n'en ai pas besoin. Personnellement j'ai prévenue car je savais que se serait pour aujourd'hui)

Ton père part donc au travail mais pas rassuré. Durant la matinée, on s’appelle souvent, un coup lui, un coup moi ! Les conversations ressemblent à cela : et là ? Oui j’en ai encore eu, ben tiens une arrive … etc .. Si bien que ton père part de son boulot à 12h, en précisant, qu’il ne reviendrait pas !  
Il veut m’aider et être là pour s’occuper des deux loulous, ou tout simplement si cela se mettait en place dans l’après midi, pour être là, m’épauler !  (je suppose)
 
On mange et cela se tasse un peu, puis les loulous partent à la sieste ! Ton père stress et me demande de lui dire quand j'ai des contractions ! Dans l’après midi la sf appelle,  il décroche au moment où une contraction arrive. Il doit être aux environs de 16h et quelques. La contraction est forte, il lui dit : "ben oui elle en a depuis un bout et là vu comment elle se recroqueville" (ma pose préférée, si je ne m’appuie pas sur lui, pour me soulager), "elle les sent vraiment !" elle lui dit : "surtout tenez moi bien au courant, dès que cela se régularise, n’attendez pas ! "
On la re-contacte une fois je crois,  après cela, je ne suis même plus très sûre,  bref !  
 
Les p'tits bouts se lèvent et il s’occupe d’eux : le goûter, les jeux …. Puis de moi  en même temps (qui squatte le canapé ou vaque à mes occupations) !  
Moi ça va, j’ai pas à me plaindre! C’est passé à toutes les 30 min, ça c’est radouci. Certaines sont fortes, il m’épaule et d’autres sont plutôt cool ! Bon…
Ca s’éloigne,  j’y crois plus, j’ai eu tellement de faux travails ! La fin d’aprèm suit son cours :  19h les biboux mangent, puis 20h il va les coucher. Depuis 19h j’ai dû avoir 3 contractions mais fortes et intenses ! J’ai mangé cependant hihih !

Bisous aux loulous,  je les regarde avec énormément de bonheur, bientôt nous serons  5. Même si je doute en surface,  au fond je sais bien que c’est pour aujourd’hui !

20h00 et des poussières, d’un coup et sans prévenir, les contractions se succèdent. Plus besoin de montre, à peine le temps de dire :  j’en ai eu une, et hop une autre arrive. D’ailleurs je ne dis plus que j’en ai, ça se voit ! Il me dit : "quoi encore, là faudrait appeler". Moi : "non attends encore 2 ou 3 pour être sûre".  5 min après les 3 sont largement là ! Il me dit : "tu veux appeler", moi : "non vas-y!"

(Je ne veux pas appeler car parler avec ces contractions violentes d'un coup c'est pas top et puis surtout personnellement je ne souhaitais pas la présence de la SF. Oh je l'aime bien c'est pas un soucis mais un truc en moi me bloque... En réalité c'est je pense un grand besoin de liberté, le fait qu'avec ses trops de conseils parfois elle peut faire pire que mieux et puis le coup de la stagiaire, pour L, au final je crois qu'il était pas vraiment passé.... Enfin un peu tout ça.... ET le fait que je n'en ressens juste pas le besoin, c'est comme ça !)

Il l’appelle, elle dit : "c’est bon", lui : "oui, là c’est sûr, elles sont très fortes et très très rapprochées !" La sf dit qu’elle arrive de suite !  
Effectivement en logique 30 bonnes minutes nous séparent, si ce n’est pas plus… et bien  20 minutes après, à peine, elle est là.  
En attendant son arrivée, ton père m'a raconté plein de sottises.
J'avoue avoir ri plus d'une fois. Il me soutenait, en m'appuyant sur lui, j'étais si bien. Des moments d’accalmie arrivèrent, non sans contraction, mais disons qu’elles se faisaient oublier grâce à ses instants!  
 
Nous ne savions pas si j'étais enceinte d'une fille ou d'un gars, nous avions déjà les deux et cela nous importait peu (enfin que je croyais). Ton père me dit en plein travail : "si c'est un gars, on verra pour adopter une fille ?" (nous avions comme projet de base 3 enfants de nous et 2 adoptés).  "Ben oui mais on pourra pas l'appeler ........ arfff", qu’il ajoute !
 Il m’a fait rire avec ses réflexions à haute voix ! Bref je lui dis : "attention", et lui : "oui bah je serais heureux quand même", Moi : "ben oui heureusement je suis quand même en plein travail !"  
Bon il le pensait peut être un peu, mais voulait surtout me parler, il sait que chez moi ça marche : me changer les idées, me parler, me faire rire, bref que je ne me concentre pas sur les contractions, rien de mieux !
Puis il me dit : "je sais pas si c’est bien de te le dire, mais là je stress, tu le sens bien toi ?"  Moi : "oui vraiment bien !" Je pense que ces mots le rassurent, il me croit ! Pour la 1ère fois, il me dit ce qu’il ressent,  au moment M, j’apprécie beaucoup ce partage.

Nous avions allumé la télé car il y avait une émission avec des musiques, et j’aime la musique (la chaîne hi-fi, heu on n’y a pas pensé hihi). Enfin de toute façon, on était lié et la télé faisait juste office de fond sonore agréable.
 
La sf appelle, elle est en bas et hésite entre deux portes (Ps : nous avions déménagé 5 jours plus tôt). Ton père lui propose de venir l’aider à transporter son matériel (qu’elle n’utilise pas en logique, car uniquement là en cas de pépin, pour premières interventions)! Elle lui dit : "....... peut rester seule ou non ?" Lui me regarde (nous avions mis le haut parleur), je dis : "oui!"

(ai je le choix réellement, si elle demande c'est qu'elle a besoin d'aide, enfin à l'époque je le vois comme ça... Aujourd'hui cela m'importerait ce qui compte c'est celle qui accouche, les autres se débrouillent !)

Il part. Passe alors dans ma tête : « Etoile de neiiiige, pays merveilleux, ai pris au piège heuuuu de tes grands yeuxxxxx ! » (ironie du sort, comme je comprends cette chanson aujourd'hui, tout à un sens ma fille, même ce que tu ne comprends pas sur le moment... Tu ne seras jamais seule). Une contraction arrive, je chante, puis deux, je rechante, ça fait du bien, ça me change les idées, bon sang ce qu’elles sont fortes! Il part peu et voilà que je gère moins. En 2 min chrono, ils sont déjà là tous les deux ? Il n’aime pas me laisser et j’avoue que je n’aime pas être sans lui.

Après ma sf m'a conseillé de m'installer dans un bon bain. Elle voit bien que ce n’est pas évident, mais bon, ça va encore. C’est différent des autres accouchements et je le sais, mais à ce moment, je ne peux définir ! Je lui dis : "ça fait vraiment quelque chose le bain ? Suis pas motivée "…. Elle me dit : "teste, si ça te plaît pas, tu sors !"

(Je n'aime pas spécialement qu'elle insiste, moi à ce moment précis là, je ne le souhaitais pas)

Ton père dit : "comment je lui fais le bain ?"

(La SF a dit ! Moi il s'en fiche, enfin il pense peut être m'aider mais j'ai dis que cela ne me tentais pas et il ne se tourne même pas vers moi, à l'époque je ne voyais pas cela, mais maintenant que je connais la confiance dans mon couple avec zhom, je peux dire que me couper la parole et aller dans le sens de la SF sans même me regarder, se soucier de mon réel besoin et m'épauler, je trouve cela navrant, surtout lors d'une naissance !)

La sf : "comme elle aime", et lui : "oui mais, elle, c’est brûlant alors heu"... Elle : "ben vas y alors !"

(ça va je ne dérange pas trop au moins ?)

 Bon, du coup, ton père m'en a fait couler un, bien chaud, comme j'aime!  

Pendant ce temps, elle voit où j’en suis, 5 !  

(je n'avais pas besoin de savoir, elle, je la connais, cela ne me gênait pas dans le sens propre du terme, je ne me suis jamais mal sentie pendant ou après un examen avec elle, mais il n'empêche que « je vais voir où t'en ai! » ne me convenait pas, tant que la femme ne demande pas, où est l'intêret ? Au final je me rends compte que l'AAD c'était déjà plus pour moi, seul l'ANAM (Accouchement Non Assisté Médicalement) convient à mon besoin.)

L'eau m'a fait du bien, (hum j'en suis pas si certaine, je me souviens m'être sentie oppressée, à un moment donné, dans la salle de bain, moi j'avais besoin d'être dans le salon, ce jour là, à cet instant là), car j'avoue que pour cet accouchement, j'ai beaucoup plus ressenti les contractions…enfin…plus autre chose que je ressens et comprends plus tard… (dû à la fatigue sûrement, déménagement le ..... et tout ranger et laver nickel le ...., très fortement aidée de ton père qui me disait : « arrête quoi, dis moi et je fais », ou encore :  « lâche cet aspi », bon il dit mais il ne le fais pas hein...). C’est plus fort que moi, bébé naîtra bientôt, faut que ce soit au top et... avec lui se sera pas le cas. Il a des qualités (personnels évidemment et aussi pendant la grossesse en m'aidant à porter les trucs lourds, courses etc...) mais pas celle de faire des efforts en matière de ménage. Deux jours après l’emménagement, on aurait dit qu’on avait toujours vécu là. Jusqu’aux peintures que nous avions faites la semaine passée. Les biboux couchés dans le lit parapluie (car nous faisions cela le soir tard), nous commandant une pizza, avec notre lampe branchée et nos pinceaux qui nous regardent (mort de rire, c’est si bon de se rappeler).  Puis beaucoup de nuits à 5h de sommeil, sans compter la veille de l'accouchement avec nuit blanche, due à des contractions en vrac, bref !  
 
Le bain est prêt ! La sf lui dit de mettre du sel, elle me dit : "ça porte tu verras !" Je m’installe, au début l’entrée me fait du bien, puis j’essaye de me placer, arf ça va pas, la non plus, humfff ! A chaque contraction, je ne suis pas bien. Je sais pas comment me mettre, accroupie, assise.  Je bouge, elle me dit : "allonge toi, peut être que ?" Moi : "non", elle : "essaye"! (c'est fou hein sur le moment je ne me rendais pas compte mais elle insiste de trop, à mon goût, une attention « as tu besoin de ma présence? » oui, mais des « fais ça », même si cela part d'un bon sentiment, non c'est déplacé) Bon, je m’allonge sur le côté (trop mauvais souvenir de la contraction sur le dos pour L, une aura suffit), ouh je n’aime pas du tout cette contraction, qui du coup, descend quand même dans le dos. (l'horreur). Je me relève. Elle nous laisse ensemble avec ton père. Je « m’allonge », appuyée sur un bras, sur le côté une fois de plus mais dans un angle différent, ah là, enfin, je suis bien. Je m’endors entre chaque contraction, mon ventre baigne complètement. Pendant ces dernières soit je reste ainsi, soit je m’assoie !  

Ton pauvre père avait fait l'erreur de laisser traîner sa main près de la baignoire. Enfin pour être plus précise il me dit : "serre quand tu as besoin mais s’il te plaît griffe pas, hein ?" Quand j’y repense…. Entre les contractions on s'endormait à deux je dirais, (car la nuit blanche, il l’a faite, en partie, avec moi, la veille) et pendant REVEIL. Là, je comprends un peu plus les sensations, ce n’est pas tant les contractions le pire, bien que très intenses, douloureuses et envahissantes, ça je connais bien et je gère (enfin je tolère et me dit qu’à chaque vague de violence j’approche de mon bébé). J’ai une sensation inconnue que je décortique (due aux nombreux faux travail je pense) et peut être autre chose (le placenta était ventral et est sorti si vite après sa naissance ? Y aurait il un rapport ? Je ne sais pas !). C’est une sensation de peau à vif à l’intérieur, qui fait que dès que tu bouges, ça me fait comme si on m’appuyait et on frottait sur une plaie à vif, comme si on essayait de m’arracher la peau interne avec des griffes par moment ! Oui, oui,  je sais ! Mais bon ! Les contractions s’ajoutent par-dessus cela, mais l’émotion est si intense. Je m’apprête à donner la vie et RIEN, mis à part un gros danger pour bébé, ne pourra me faire bouger de chez moi !

Ton père voit bien que c’est dur, il me demande quoi faire pour m’aider, j’ai l’odieuse réponse qui lui fait comprendre que là, rien ne peut être fait. Je lui réponds : "suicide-moi". Puis je souris de ma bêtise, je l’ai dit et ça me soulage. Il sourit et me serre. Je me dit à moi-même : « Allez bientôt tout cela sera dans la case des souvenirs (la douleur) et ne me resteront que le bonheur et les émotions ». (C'est fou quand je me laisse aller, je me sentais comme envahis, remplie, comme si tu étais entièrement en moi ou moi et pas seulement dans mon utérus... Je n'avais jamais compris cela, c'était juste toi qui te mettais en phase/connection/liaison avec moi, dire que je vivais cela sans savoir...)
La sf fut super et nous a laissé ensemble le plus possible ! Jusqu'à ce qu’elle entende : "arggg bordel, ouh lalalala". Ton père : "ça va puce, qu’est ce que t’as ?"  Moi :  "une crampe à la jambe heuuuuu!" La sf arrive, "quoi ?" et lui tout zen du coup : "ben une crampe". Puis cela nous a fait sourire, oui la crampe m’a fait bien plus râler,  même gémir que le travail, car pendant le travail bizarrement je suis silencieuse, ou alors je parle, même si c’est pour dire que c’est dur, trop de sentiments m’envahissent en ces moments. Disons que une crampe, ne mène pas bébé à la vie, et les trucs inutiles moi, hein, je m’en passe ! Du coup, elle dit : "je t’emmène du magné B6 pour éviter que ça te le refasse", ce à quoi je réponds avec plaisir : "oui !" Je le prends et je n’en aurai plus, c’est vrai !  Ouffffffffff...
 
Elle se met près de moi, elle voit que là, j’ai une passe où je gère moins. Je serre plusss la main de ton père, son corps, je me recroqueville plussss, je souffle plus fort. Ton père recule, il lui fait place. Elle pose sa main sur mon ventre (est elle guidée ?) et  me dis : « prends la contraction comme une vague, respire, accompagne doucement, ne lutte pas… » et là… incroyable, sa voix me guide, telle une lumière dans le noir. La contraction me traverse mais ne me fait pas souffrir. Une seconde se suspend et je suis bien. Puis elle nous relaisse (j’ai aussi besoin de ces solitudes, à deux, avec ton père et elle le sait) mais pas longtemps.  Peu après, elle revient en disant, alors tu en penses quoi là... et moi : "ça pouuuuuuuuuuuuuuusse heuuuuuuuuu". J'ai l'impression maintenant d'une contraction continue. Je sens les moindres de tes mouvements (toujours avec cette sensation de peau à vif, pendant et entre deux, c’est très distinct et intense). Elle me dit : « faudrait sortir (on peut accoucher dans l’eau avec elle, mais je ne veux pas), ça fais 1h15 déjà que tu es dans l'eau, ça devrait pas tarder si ça pousse », et nous : "hein ??" 1h15, on croyait que cela faisait 10 minutes. La notion du temps est incroyable ! Elle touche l’eau et me dit : "elle est toute froide" et moi : "ah bon ?" Ben j’ai si chaud qu’elle me paraît chaude !

Je sors avec leur aide. On prend notre temps, car dès que je suis debout, l’eau ne me porte plus, et là, tout s’accélère. Les contractions sont encore plus intenses, ben si… c’était possible ! Je reste longtemps, comme ça, debout, attendant que la contraction passe, mais… elle ne passera pas. Dès qu’elle s’en va, tu bouges et cette impression de peau à vif surgit me foudroyant plus encore à chaque fois … J’arrive à lever une jambe, puis deux et me voilà hors de l’eau. Je me dis : « humm finalement j’aurais du y rester ». Chacun d’un côté, ils m’aident à mon rythme, un pas, puis un autre, à traverser le couloir pour aller sur le canapé : là où je veux accoucher ! Ton père dis : "cela me rappelle la traversée du couloir à l'hop pour C" (oui c’est vrai cela y ressemble).  
 
Le canapé est prêt avec alèzes dessus, cool plus qu’à m’installer : je m’accroupis et ton père se met à côté. Il doit être environ 23h45.  Je demande à la sf où j'en suis. J’ai hâte, cette impression, qui n’a rien à voir avec les contractions me pèse un peu plus à chaque fois. A ce moment-là, j’ai besoin de savoir, si ça avance au moins. Elle me dit : « 7 »  et moi : "quoi seulement ?" Toute ma motivation s’effondre. Une contraction arrive accompagnée de tes mouvements et de cette sensation atroce. Je souffle fort, un bruit se laisse entendre, comme une flûte. Ma main écorche mon visage, je la passe fortement dessus, je me griffe. Je m’en veux de t’en vouloir mon enfant, mais « que ce bébé arrête de bouger bon sang ». (Dire que jusque là j'avais besoin que tu bouges, c'était pour moi signe que tu allais bien, je te le demandais malgré la douleur que cela engendrait.) Ton père me ramène alors sur terre, le fait de l’expression (mes bruits) ne le dérange pas, mais l’effraye je pense, ce n’est vraiment pas dans mon tempérament, puis, je suis en train de partir, où je sais pas, mais…loin…dans un très mauvais loin fait de souffrances et de perte. (non j'allais juste sur mars comme on dit, cette fameuse phase de désespérance qui annonce la naissance est normale ma fille et ça annonce le début de la fin...). Je me sens seule et abandonnée. Je perds totalement pied et raison, il le voit et réagit fort heureusement.  Il me dit : "calme-toi, allez ma puce, calme-toi, ça va aller" ses bras et ses paroles me rassure. Je reviens parmi eux et les voir m'apaise. Il me serre, un peu de cette force passe en lui, du moins c’est l’impression que j’en ai. J’aime qu’il me serre au moment où tu bouges, au moment d’une contraction, bref au moment de douleur, cela la dirige plus vite, plus loin. La sf me dit : "accompagne quand bébé pousse et quand tu as une contraction, c’est bientôt fini, tu y es presque : courage." Ces mots doux à une femme sur le point de donner la vie sont une vrai journée de soleil au milieu d'une année de pluie, une façon de lui dire que c'est bientôt fini, que c'est normal, qu'elle n'est pas seule, c'est tout à fait ce don j'avais besoin pour ne pas me perdre dans une angoisse... Moi j'épaule mon enfant et eux m'épaule... Cela devrait toujours être ainsi peut importe le lieu où la femme accouche.  

Ton père me serre toujours dans ses bras. Une contraction arrive, ça pousse, alors quitte à ce que je le sente,  je pousse quand tu appuis et ça marche!

Quelques minutes plus tard, je te sens qui s'engage, je dis, j’hurle oui : "BEBE S'ENGAGE".   Quelle joie que cette sensation subtile et inimaginable. De suite après la poche des eaux se rompt : je dis : « c’est les eaux ? » Ma sf "heu … moui … en même temps, toi quand tu perds les eaux, tu perds rien alors" …Effectivement cela fait à peine un petit cercle sur l’alèze. Je l’ai su uniquement, car j’ai senti un liquide chaud sortir de mon vagin, toutes les sensations sont démultipliées, mais c’est tout, aucune autre sensation, je perds trop peu pour cela ! Sinon, ma sf me confirme que OUI suis à 10 et tu t’es engagée. (Elle a vérifié sans me demander, je n'y pensais pas et ne le souhaitais pas particulièrement, elle ne m'a pas fait mal, ni génée, mais cela reste un geste pour rien). Ensuite je ressens et surtout je comprends tout. Au 3eme accouchement « libre », je connais bien mon corps. Je t'emmène jusque la sortie en 2 poussées à peine (poussée réflexe), enfin, je sais plus exactement combien, mais ça va très vite. Là, c’est génial, c’est si agréable de pousser. Je n’ai aucune douleur pendant la descente, du moins je ne crois pas, je ne sais plus, mais si c’est le cas, cela ne m’a pas marquée. A côté de cette impression (durant le travail) c’est si fantastique. Ca va, je gère super bien, je te mets juste au bord de la sortie  et en une poussée, je te sors de la tête au pied !  Si tu pouvais imaginer combien ces moments étaient superbes. Te sentir avancer et te savoir avec moi. Je ne m'en rendais pas compte, je le vivais sans le comprendre mais on était connecté ensemble, j'aurais pu dire exactement comment tu allais et où tu en étais à chaque seconde, on ne s'est « mentalement » jamais quitté... J'ai juste envie de dire : Unique et grandiose ma P. !

Au moment où la tête sort un peu, la sf me dit : "soulève toi, tu risques de l’écraser" (j'apprécie qu'elle me dise la raison de sa demande et dans le calme). Je suis accroupie (comme pour faire pipi) mes fesses touchent presque l’alèze. J’ai l’impression que tout en poussant, je me lève très facilement. En réalité, c’est ton père qui me serre et me soulève le haut du corps. Du coup, je suis accroupie mais mes fesses sont plus hautes (un peu genre chaise, mais moins tout de même) par rapport au canapé ! Bref ! Je ne sais trop comment dire. La sf me dit « attrape le » et moi : "Non faut qu’elle sorte" (pourquoi elle ? l’instinct des femmes est immense). Je pousse toujours et la sf comprend que je vais te mettre au monde d’un coup. Elle me dit : "fais doucement, pense à ton périnée, contrôle". Bon je me dis : « suis  pas à quelques secondes, je n’ai jamais eu de déchirures, ce serait bête de commencer ». Du coup sur une seule poussée/contraction, je gère, ralentis, re-pousse etc… Moment incroyable, tu jallis de mon corps mon bébé si simplement, j'en suis complétement époustouflée. Puis très rapidement zouuuu, une impression de floupsssssssssss, suivie d’une accalmie et un vide (un vide superbe de sens), plus de télé, ni de son, je ne vois, ni n’entends plus rien. Mes yeux se troublent devant ce tout petit être qui vient de « tomber » de moi (ta tête touchait déjà l’alèze quand ton père m’avait relevée) là, comme ça ! Tu es toute recroquevillée et je te regarde. Il y a peu encore tu bougeais en moi, quelle merveille ! Le temps se fige et devient un allié du bonheur ! Je sens vaguement la main de ton père dans mon dos qui se décale, mais qu’importe, je suis si loin, dans un monde somptueux… Puis, mon regard ne peut se détourner, ton visage, si …, un nuage dans ma tête, je ne réalise pas, je ne pense à rien, vide de sens ….. Tu es si belle, tu me regarde, ton visage, je suis face à toi, je n'y crois pas, tu es si belle que tu me semble irréelle. Silencieuse tu m'observes, Silencieuse je t'admire. Puis une voix me sort un peu de mon monde, ton père qui s’exclame : "ça a été vite, j’ai rien compris là" et ensuite : "C’est une FILLE, c’est une FILLE !" (j'aurais aimé pouvoir le découvrir par moi-même, je ne l'avais pas dis, et puis je ne souhaitais pas savoir à ce moment là, même si au plus profond de moi je savais, disons que je ne voulais pas de confirmation par qui que se soit, mais bon...) Moi, je crois que je ne réagis pas, la sf répond : "ah oui… j’y pensais plus qu’on ne savait pas!" Sur le moment j’entends des voix mais ne comprends pas, ce n’est qu’après quelques jours que tout m’est revenu, leur conversation…Je ne réagis toujours pas, je ne peux me dé scotcher de ton visage. J’entends leurs voix de si loin. Je sens un regard insistant sur moi, je lève les yeux. (cela me sort définitivement de cet état où j'étais si bien avec toi, seules au monde ma P. Etat de Grâce Fabuleux rarement atteint ou atténiable...) C’était la sf qui me dit : "vas-y attrape-la !" Des larmes montent malgré elles, devant cet instant imminent, pour parcourir le fond de mes yeux. C’est vrai que je lui avais dit : « je veux l’attraper, être la seule à la toucher en 1er », du coup elle ne l’a pas fait à ma place, j’ai adoré cette attention! A la naissance, je ne t'ai pas attrapée car j'avais une main sur le canapé et une sur ton père qui me tenait. Quand elle me l’a dit, je ne me voyais pas lâcher mes appuis. Alors à ces mots, je ne me fais pas prier et je te saute littéralement dessus. LA, je réalise que je viens de te donner vie. Je ne cesse de te dire : "viens ma puce, viens ma puce", tout en te collant contre moi, c’est si bon, c’est si fort, c’est si animalement formidable ! 2 minutes maximum se sont écoulées peut être, pas plus, mais cela m’a paru une éternité ! A 00h... tu venais de Naître !

Ton père n'a pas eu le temps de comprendre, cela a été bien vite. Cela fut si riche en émotion, en ressentis, en amour, en partage !  
 
Ce fut un moment complètement incroyable, j'étais là dans ses bras, c'est tellement fou de donner vie à son enfant, blottie dans les bras de son compagnon !  
Je cogite enfin que mon rêve venait de se réaliser : mes enfants, là, si proches.  
Ma fille venait d'avoir 2 ans, mon fils 1 an et cette naissance emplie de merveille!  

La réalité nous rattrape. Je t’ai contre moi, puis je dis à la sf : "j’ai mal", elle : "ben c’est normal tu viens d’accoucher", moi : "non j’ai jamais eu mal, le placenta ? ça doit être ça !"  Elle : "ben non, elle est à peine née", moi : "si si le placenta". Elle emmène donc un, je ne sais pas le nom, comme une coupelle en plastique, et je pousse zou le placenta sort. Elle aide un peu en « tirant » très délicatement sur la poche des eaux qui ne suit pas, enfin façon de parler, elle est à moitié dehors! Me voila libérée, mon bébé contre moi, plus de placenta, plus de poussées, plus de cette sensation terrassante. Juste nous : notre amour, notre bonheur et notre chez nous! J'ai coupé le cordon, car je voulais savoir ce que cela faisait. C’est particulier comme sensation, c’est mou sous le ciseau, mais c’est agréable au fond. Ton père l'avait déjà fait lui ! Puis j’ai envie de connaître le placenta, plus encore. Ton père te prend donc emmitouflée dans une serviette ! J’ai touché le placenta, c'est douxxx et c'est mystérieux. Elle me l’a expliqué, c'est quand même ce qui t'as nourri mon bébé. C'est incroyable et pas sale du tout. Le côté où il y a le cordon et la poche des eaux attachée, fait penser à une peau translucide avec beaucoup de veines ! Pendant ce temps j’entends ton père dire :  "je ne me suis pas trompé au moins ? Ah oui t’es bien une fille" (je suis morte de rire, il l’aura eue sa 2eme nana).
Puis j’abandonne le placenta, te reprend et te colle tout contre ma peau.
 
Bref. Vers ..h.., soit 10 min après environ, on a réveillé ton frère et ta soeur, qui se couchent à 20h 20h30, et on a fait nos 1ere photos à 5. Je leur avais promis que dès que bébé serait là, je les préviendrai. De vous voir réunis, si tu savais...  

Ensuite je m'enfile un paquet de céréale complet ;-)

La sf a fait de belles photos de notre famille ! Puis on les a recouchés, enfin ton père les a recouchés.  Pas de déchirure, rien.
La sf est partie vers 2h et nous sommes allés nous coucher. Toute la maisonnée, toi y compris, a dormi jusque 9h!  
Et le lendemain matin,C. qui dit, "il est où bébé ?" Non, elle n’avait pas oublié et savait bien que c’était la réalité… Il est à peine 9h et je pleure encore de bonheur.

Tu n’as pas été lavée, ni même mesurée (ce fut fait 4 jours après), ni RIEN. Juste ton poids  peu de temps avant le départ de ma sf. Ton odeur de bébé contre moi, s’endormir en te humant, c’est tellement indescriptible, tout ces instants, toute cette merveille, ces mondes fantastiques, c’est bien plus mystérieux que la vie elle-même.
 
P. tu es née à ..h.. le ../../.... sur le canapé dans notre salon. Tu faisais 49 cm pour 3k300 ! Périmètre crânien : 33.



L'après naissance :
 
Rien à dire. Une belle naissance, une évidence, je suis heureuse, heureuse, heureuse. Mes enfants sont doux entre eux, pas de jalousie, tout est simple. Ton père est plutôt avec les grands s'il faut s'occuper d'un enfant. Mais en règle général je gère ma maison et mes zouzous. C'est mon truc... Voilà c'est juste simple, c'est juste une naissance qui s'inscrit dans la continuité de la vie... J'allaite jusqu'à ce que tu te sèvres, tu avais environ 9 mois, pleurant dès que tu es au sein. Très beau souvenir cet allaitement. J'ai découvert les lavables, j'A-DO-RE ! C'est mon trucs, je me plonge encore plus et je découvre des supers trucs pour porter (porte bébé physio/écharpe), moi qui portais pas trop car les porte BB classic me faisait mal aux épaules. Là pas de soucis. En plus l'écharpe suspend pas bébé par ses parties génitales mais le maintient, il est assis ou allongé. Cool quoi... Je suis vraiment dans mon élément, quel bonheur !



A toi :

Petit animal méfiant te vas comme un gant ;-) Tu possèdes déjà un sacré caractère. Tu vis tout avec émotion et de manière très entière. Avec toi c'est tout ou rien. Amour fou ou haine, tu ne connais pas le milieu ma fille et tu as raison ! Laisse le milieu à ceux et celles qui s'en accomodent ! Je pense que tu ne seras ni influançable, ni influencée. Tu es peut être juste trop gentille. Accorde toi parfois le droit à l'échec, accorde toi parfois le droit au repos, apprend à te pardonner... Sache stopper pour mieux repartir, ce n'est pas un aveux de faiblesse, c'est une preuve de courage ! Tu es méfiante en premier abord et très sociable par la suite, tu as besoin d'un temps d'adaptation pour tout, respecte ce temps. Liberté est ton deuxième nom. Enfin oublie tout ce que je viens de te dire et suis ton instinct si développé, il te mènera tout droit à tes plus grands bonheurs...

La chanson qui me fait très souvent penser à toi, celle qu'un homme devrait penser pour vivre prêt de toi, qui correspond à ta personnalité selon moi : Le coup de soleil de Richard Cocciante, cela donne « J'ai attrapé un coup de soleil, un coup d'amour, un coup de j' t'aime, j'sais pas comment faut que je me rappel, si c'est un rêve t'es super belle, je dors plus la nuit, je fais des voyages sur des bateaux qui font naufrages. (...) J'voulais m'tirer, mais je me tire plus, je vis à l'envers j'aime plus ma rue, j'avais 100 ans j'me reconnais plus, j'aime plus les gens depuis que j'tai vu (...) »

Que cette vie t'apporte le bonheur ma P...

Je t'aime

Maman

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